Travailler moins pour vivre plus, pour s’aimer mieux, pour s’engager plus… : la réduction collective du temps de travail réintroduite dans le débat public !
7 octobre 2015, journée de mobilisation nationale. Les travailleurs venus de secteurs variés sont dans la rue pour faire entendre leur colère auprès de notre gouvernement et des mesures prises depuis son entrée en fonction. Mesures allant à l’encontre de leurs droits acquis (la retraite à 67 ans en 2030, le saut d’indexation des salaires, la réduction de l’accès à la retraite anticipée…). Seulement « pas contents » les travailleurs ? Non ! Le groupement citoyens « Tout Autre Chose » entend bien aller au-delà de la colère et profiter de ce jour de manifestation nationale pour proposer une mesure concrète, réalisable (selon les experts), positive et qui rassemble (jeunes, vieux, syndicats, mutuelles, associations) : la réduction collective du temps de travail (RCTT). En tant que signataire de l’appel de Tout Autre Chose, Liages a trouvé intéressant de décortiquer plus en détail son action.
Quel principe sous-temps la réduction collective du temps de travail ?
L’idée de la RCTT n’est pas neuve, elle a déjà fait l’objet de nombreuses luttes sociales (congé hebdomadaire, journée de 8 heures, congés payés, départ anticipé à la retraite). « Toutes ces conquêtes ont permis de passer d’une année de travail de 3000 heures au début du siècle à un peu plus de la moitié au milieu des années 1980 ». Elle revient au goût du jour. Elle est reprise par la FGTB, Marc Goblet, son secrétaire général revendique une RCTT ciblée sur les plus de 50 ans afin de créer de l’emploi pour les plus jeunes. Le Parti des Travailleurs Belges (PTB), quant à lui, part en campagne pour la semaine des 30 heures. Du côté du Parti Socialiste, dans son ouvrage « La gauche ne meurt jamais », Paul Magnette affirme « Les modalités (de la RCTT) sont nombreuses, mais ce qui importe d’abord et avant tout, c’est que la gauche réaffirme clairement que cet enjeu est l’un des combats essentiels, et en rappelle l’importance sociale et culturelle ». Enfin, la fondation « Ceci n’est pas une crise », représentée par Jean-Pascal Labille, défend l’idée de la semaine de 35 heures comme politique viable pour l’emploi. « Quand on a un taux de chômage des jeunes comme celui d’aujourd’hui, c’est-à-dire, de 40 % à Charleroi, de 25% à Bruxelles, de 23% à Anvers, on ne peut plus continuer les politiques d’emploi de la même manière. Les réduction linéaires de cotisations sociales n’ont pas démontré qu’elles étaient efficaces. Nous voulons aujourd’hui une réduction collective du temps de travail avec embauche compensatoire, avec maintien du salaire et la réduction des cotisations sociales permettra de financer le coût additionnel pour l’entreprise. En France, 350.000 emplois ont été créé avec la semaine des 35 heures. »
Les experts du groupe de travail « travail digne » du mouvement « Tout Autre Chose » font différents constats. Le taux de chômage et celui de longue durée sont en augmentation en Belgique, surtout avant 30 ans et après 45 ans. Le taux de maladie-invalidité s’accroit également. L’espérance de vie en bonne santé est en baisse dans les groupes sociaux les plus pauvres. Dans un tel contexte, il faut créer de l’emploi. Comment ? Non pas en augmentant l’âge de départ à la retraite ou en freinant l’accès aux mécanismes de prépension, en activant les chômeurs ou en les abandonnant dans le régime de l’assistance (cpas), en diminuant les « charges » sociales versées par les employeurs à la collectivité mais en partageant mieux le temps de travail entre tous les groupes sociaux. « Assurer un emploi digne à chacun et, dans le même temps, lui permettre d’exercer ses responsabilités familiales, de se consacrer à ses loisirs et de participer à la vie citoyenne ne représente pas qu’un coût. C’est un investissement dans le bien-être qui permettra de diminuer les dépenses de notre sécurité sociale ».
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