Origine et évolution des termes funéraires – Petite balade historique

 

Croque-mort

Il s’agit de l’expression donnée familièrement aux personnes qui travaillent dans le domaine funéraire. Elle tire probablement son origine du mot « croc » (au sens de crochet). Au Moyen-Age (à l’époque des épidémies de peste), les victimes étaient ramassées avec de grandes perches munies de crochets pour éviter toute contamination (au moins, on essayait). Avec l’évolution de la langue, le terme « croche mort » évolua en « croque-mort ».

La croyance populaire (plus ou moins fabuleuse) raconte aussi que le croque-mort était celui chargé de mordre l’orteil du corps pour bien s’assurer de la réalité du trépas. À noter qu’en ce temps-là, le verbe « croquer » était synonyme de « faire disparaître ». Le croque-mort avait donc comme mission de faire « disparaître les corps ».

Corbillard

Au Moyen-Age, des fosses communes creusées entre Paris et Corbeil accueillaient les cadavres des personnes ayant succombées aux épidémies de peste. Pour désengorger la capitale qui débordait de dépouilles, on réquisitionnait les bateaux de commerce qui faisaient la liaison entre les deux villes. Ces bateaux servaient normalement à transporter des denrées alimentaires (des céréales, du fromage, etc.). On les appelait « corbeillards ».

A partir du XVIIe siècle, le terme évolua en « corbillard », probablement par analogie avec le mot corbillat (le petit du corbeau), passereau noir souvent associé à la mort. Au fil du temps, son utilisation s’étendit à tout véhicule funéraire. Avant l’usage actuel des automobiles, on passa bien entendu par la charrette à bras et puis par celle tirée par des chevaux. Et, pour accompagner les plus riches vers leur dernière demeure, rien de mieux à l’époque que de luxueuses hippomobiles à quatre roues.   

Mise en bière

La mise en bière correspond aux gestes qu’effectuent les pompes funèbres lorsqu’elles placent un corps dans son cercueil. La mise en bière n’est donc rien d’autre que la mise en cercueil d’un corps. L’expression daterait du VIIIe siècle. En ce temps-là, les Francs transportaient les corps des individus blessés ou décédés sur une planche en bois qu’ils appelaient bera. La destination finale des cadavres étant une fosse commune, ils étaient maintes fois entassés avec leur civière. Pour faire court, on enterrait chaque reste humain avec sa bera.

Au XIIe siècle, lorsqu’on commença à placer les corps dans des cercueils, on garda l’expression. Par évolution phonétique, le terme bera se transforma en « bière ». Précisons-le,   il n’a rien à voir avec la boisson.

Obsèques

Le terme englobe l’ensemble des rites funéraires qui permettent de faire des adieux à la suite d’un décès. Le mot est formé du latin obsequiae (« cortège »), altération du latin exsequiae (« convoi », « funérailles »). Les vieilles coutumes imposent que lors des obsèques, on rappelle au bon souvenir de celui ou celle qui a rendu son dernier soupir. Non, on ne met pas en avant ses défauts. Le terme obséquieux, pourvu de la même racine (obsequiosus), fait ainsi référence à une personne qui porte à l’excès le respect, les égards (d’une autre personne), qui est pleine de complaisance et de déférence.

Si les termes « obsèques » et « funérailles » sont souvent considérés comme synonymes, le dernier est habituellement utilisé pour définir des cérémonies solennelles, de grande ampleur, lorsque l’on évoque par exemple, le décès d’un personnage public.

Pompes funèbres

A la période de la Rome Antique, le terme « pompa » faisait référence aux grandioses cortèges populaires, qui montraient des signes de richesse et de puissance. De là découle l’expression « en grande pompe ». Autour du XVIIe siècle, les cérémonies religieuses se développèrent, la pompa funebris désignant alors les imposantes processions organisées lors du décès de personnalités de haute importance. De nombreux accessoires symboliques, tels que des torches et des décorations cossues, contribuaient à donner un aspect somptueux au cortège.

Evidemment, de nos jours, les pompes funèbres ne font plus référence à ce type de procession mais aux entreprises qui organisent des obsèques. Elles offrent des prestations variées comme la mise en bière, le transport du corps ou encore la prise en charge des formalités administratives.

 Bibliographie

Pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur des pratiques et des rites funéraires d’antan et d’aujourd’hui :  

Anne Carol. Les médecins et la mort. XIXe – XXe siècle. Editions Flammarion, 2004

Fanny Bocquentin. La mort à l’œil nu. Editions CNRS, 2023

Guillaume Bailly. Le livre de la mort. Editions de l’Opportun, 2017

Guillaume Bailly. Mes sincères condoléances. Editions de l’Opportun, 2018

Juliette Cazez. Funèbre ! : Tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde. Editions Du Tresor, 2020

Sarah Dumont. Un enterrement comme je veux ! Editions Eyrolles, 2021

Liages/Mara Barreto/010724

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