L’isolement de la maison de repos
Le 9 juin prochain, nous serons appelé·e·s à voter. Lors des précédents suffrages, nous avons constaté qu’un nombre important de seniors, en particulier celles et ceux résidant en institution, ne participent pas au processus électoral. Pourtant, une enquête révèle que 90 % des seniors européen·ne·s expriment le désir de jouer un rôle actif dans la société.
Liages ASBL a donc décidé de vous partager ce qui peut freiner les seniors à accomplir leur devoir de citoyen·ne.
« J’en ai parlé avec quelques résident·e·s et iels pensent qu’un bureau de vote ici faciliterait les choses. Mais ce serait une organisation énorme, notamment à cause de l’anonymat à respecter, les isoloirs à adapter… Si une personne de la commune venait prendre les cartes d’identité, les résident·e·s mettraient leur croix et ensuite leur bulletin dans l’urne. Ce serait bien plus facile ! Certain·e·s m’ont dit que si le vote était possible voter ici, iels iraient voter… Ça montre qu’ils et elles sont encore motivé·e·s ! » (Danielle, 82 ans)
L’isolement de la maison de repos
D’une part, une tendance émergente montre une augmentation des initiatives novatrices prises par les directions afin de tisser des liens avec le quartier, les autorités locales, et bien plus encore.
“Nous nous efforçons depuis quelques années d’avoir un bureau de vote au sein de notre maison de repos, à la fois pour nos résident·e·s et pour les habitant·e·s extérieur·e·s. Nous considérons qu’il est essentiel d’intégrer le monde extérieur à notre environnement. Lors des dernières élections, nous avons obtenu un bureau de vote supplémentaire, ce qui a suscité un enthousiasme extraordinaire parmi nos résident·e·s : certain·e·s étaient déjà devant la porte à 6 heures du matin.” (Direction de la maison de repos)
D’autre part, une tendance à la médicalisation croissante se dessine dans ce domaine. En effet, avec la montée en puissance des alternatives de logement et des services de soins à domicile, la maison de repos devient souvent le dernier recours lorsque la personne âgée ne peut plus vivre seule. Ces personnes emménagent généralement avec un niveau élevé de dépendance physique et mentale, ce qui rend difficile leur implication dans des activités extérieures. Toutefois, cela ne justifie en aucun cas que ces lieux de vie se transforment en “cloîtres”.
Nos recommandations :
Face à la tendance à la médicalisation, nous craignons que certaines maisons de repos ne deviennent davantage semblables à des établissements hospitaliers qu’à des lieux de vie.
Pour encourager les échanges entre les institutions d’hébergement et l’extérieur :
- Nous invitons les directeur·trice·s de maisons de repos ainsi que les autorités locales à promouvoir l’installation de bureaux de vote au sein de leurs établissements. Un budget spécifique pourrait être alloué à cette fin.
- Nous proposons que les réunions des conseils consultatifs des aîné·e·s se déroulent parfois dans les maisons de repos de la commune afin que les résident·e·s puissent interagir avec les représentant·e·s de leur groupe d’âge.
- Nous encourageons également le développement de projets intergénérationnels au sein des maisons de repos, tels que des programmes d’aide aux devoirs en collaboration avec des écoles.
Découvrez les autres freins :
- Garantir l’accessibilité aux bureaux de vote pour tou·te·s : un impératif citoyen
- Votre institution vous propose un certificat, vous n’êtes pas motivé·e·s à entreprendre des démarches personnelles
- Le Vote par procuration : la lourdeur de la procédure
- Sentiment d’appartenance à la société : une question d’âge ?
- La méfiance à l’égard du monde politique : pourquoi vous n’avez plus confiance ?
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