Gouvernement Arizona : un naufrage social au profit des plus riches !
Communiqué de presse Réseau associatif de Solidaris (Soralia, Sofélia, Liages, Esenca, Latitude Jeunes).
Suite à la formation du nouveau gouvernement fédéral, les associations du réseau associatif de Solidaris (Soralia, Sofélia, Liages, Esenca, Latitude Jeunes) dénoncent la vision ultralibérale qui transparaît dans l’accord de majorité. Plutôt que de s’attaquer aux grands défis du 21ième siècle (écart de richesses, dérèglement climatique, etc.), l’Arizona défend une politique d’activation, de responsabilisation et de contrôle, créatrice de souffrances et porteuses d’inégalités et d’exclusion qui impacteront directement l’ensemble de nos publics.
Le grand retour de l’austérité : une fausse bonne idée
Pour justifier son agenda antisocial, la droite ne cesse de psalmodier que les mesures d’austérité sont le remède aux maux économiques de la Belgique. Cette constance serait presque admirable si elle ne se traduisait pas par une augmentation importante des inégalités, basées tant sur la classe sociale, que le genre, l’âge, l’origine ethnique, le handicap, etc. En outre, la ferveur ultralibérale n’empêche pas les faits d’être têtus : loin d’être un phare dans la tempête, l’austérité ne restaure pas la croissance et ne comble pas les déficits économiques.
Ainsi en Belgique, les politiques d’austérité mises en oeuvre après la crise de 2008 n’ont pas relancé la croissance (le PIB est resté faible, autour de 1%), tandis que le taux de pauvreté a augmenté. Celles-ci bénéficient cependant aux plus riches, avec une augmentation du capital de 25% en termes réels entre 2008 et 2021 tandis que le revenu médian des Belges a quant à lui stagné. Les mesures d’austérité n’auront donc pas les effets économiques attendus, et aggraveront comme par le passé la situation économique et sociale des Belges.
Une composition de gouvernement critiquable et une vision punitive
Nos associations déplorent le manque de diversité des profils au sein des membres qui composent le gouvernement. Sur les 15 ministres, seules 4 sont des femmes. Aucune d’entre elles ne participera au Kern, ce comité ministériel restreint où les décisions essentielles sont prises. Comme l’explique Florence Vierendeel, chargée de communication politique chez Soralia, « la représentativité est une question fondamentale sur laquelle repose notre système démocratique. Si nos ministres ne sont pas à l’image de la population belge, comment garantir l’inclusion de toutes et tous dans les futures réformes ? ».
Le portefeuille du ministre chargé de l’Egalité des chances, Rob Beenders (Vooruit), est par ailleurs assorti d’une nouvelle compétence, « la lutte contre la fraude sociale ». Cette évolution n’est pas anodine et s’inscrit dans la ligne directrice de l’accord de coalition, qui se lance dans une véritable chasse aux chomeuses·eurs. Pourtant, selon le SPF Finances, la fraude fiscale s’élève à près de 30 milliards d’euros par an en Belgique, alors que la fraude sociale ne représente que 500 millions d’euros.
Cette vision punitive s’exprime à travers l’ensemble de l’accord. Comme l’indique Lucie Pé, chargée de projets chez Latitude Jeunes, « il y a par exemple un changement significatif dans la manière dont les jeunes sont perçu·e·s. Dans l’accord de 2020, une attention particulière était portée à la formation, l’inclusion sociale et à l’emploi, là où, dans l’accord de 2025, les jeunes sont appréhendé·e·s à travers la répression et la sécurité. L’objectif est à présent qu’aucun·e d’entre elles·eux ne « passe à travers les mailles du filet » ».
Travailler plus pour gagner moins, tout en protégeant les plus riches
Malgré la taxation à 10% des plus-values futures réalisées sur les actifs financiers, les épaules des plus riches sont largement préservées. Leur contribution ne s’élève qu’à 6% de l’effort budgétaire. L’objectif de l’Arizona est avant tout « d’assainir les finances publiques » à travers les réformes sur le marché du travail et les pensions, qui se feront sur le dos de la classe moyenne et des personnes les plus vulnérables.
Rappelons que les pensions en Belgique sont déjà parmi les plus basses d’Europe. Or, les réformes prévues par ce nouveau gouvernement vont à nouveau réduire le montant de la pension légale et pousser celles et ceux qui le peuvent à se tourner vers des systèmes privés de pension (deuxième et troisième pilier). Comme l’indique Ermelinde Malcotte, chargée d’études chez Liages, « les femmes et les personnes précaires seront les plus lourdement affectées par ces réformes, comme en témoigne l’écart de pension complémentaire entre les femmes et les hommes, qui est de 50%. »
Au niveau de l’emploi, les mesures annoncées vont par ailleurs créer des discriminations. Comme l’explique Manon Cools, coordinatrice chez Esenca, « en demandant aux employeuses·eurs de contribuer à hauteur de 30% de l’indemnité à charge de l’INAMI pour les travailleuses·eurs en incapacité pendant deux mois au-delà du mois de salaire garanti, il est évident que des discriminations à l’embauche vont s’opérer pour minimiser leur risque financier, notamment envers les personnes en situation de handicap, de maladie chronique, etc. ! ».
La santé, une vraie priorité ?
A l’heure actuelle, près de 60% des personnes malades de longue durée sont en incapacité de travail ou en invalidité pour des troubles liés à la santé mentale ou d’ordre musculosquelettiques. Or, plutôt que d’améliorer les conditions de travail et de garantir une vie digne à toutes et tous, ce nouveau gouvernement préfère activer ces personnes dans un processus contraignant, à travers des mécanismes de contrôle, ce qui est totalement contre-productif et augmente le risque de rechute et d’aggravation des problèmes de santé.
Autre fait inquiétant concernant la santé : le manque d’évolution concernant le droit à l’avortement. Selon l’accord, la modification de la législation actuelle devra faire l’objet d’un « consensus au sein des partis de la majorité ». Or, certains d’entre eux sont réfractaires à une évolution de la loi, notamment concernant l’allongement du délai légal. Comme le dénonce Eloïse Malcourant, chargée de communication chez Sofélia, « il s’agit une nouvelle fois d’un marchandage politique honteux qui a été réalisé sur le dos des femmes, comme en 2020 où le CD&V avait négocié sa montée au gouvernement en cadenassant le débat ».
Toutes et tous ensemble, mobilisons-nous !
Le constat est clair : plutôt que de combattre les vraies causes qui créent l’exclusion et la pauvreté, ce nouveau gouvernement s’attaque de plein front aux individus (travailleuses·eurs, chomeuses·eurs, malades de longue durée, etc.). Plutôt que de valoriser la plus-value de notre modèle de protection sociale universelle, qui vise à ne laisser personne sur le côté dans un esprit de solidarité et qui garantit le bien-être de notre population, cette coalition opère un basculement vers un dispositif d’aide sociale conditionnée.
Pour notre réseau associatif, cette situation est inacceptable, d’autant plus que les mesures économiques annoncées ont déjà prouvé leur inefficacité par le passé et préservent les épaules les plus riches du pays. C’est pourquoi, en tant que corps intermédiaires et aux côtés des mutualités, des syndicats et d’autres associations, nous continuerons à nous battre et à défendre au quotidien des solutions pour garantir un modèle de société solidaire, inclusif et viable économiquement, notamment à travers la justice fiscale ou encore le renforcement de notre Sécurité sociale.
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