La prévention du suicide et le suicide assisté : une contradiction ?
L’année passée, nous avons collaboré avec l’asbl Un pass dans l’impasse (réseau associatif de Solidaris) sur la thématique de la « prévention du suicide chez la personne âgée ». En effet, nous avons observé que ce sujet n’était pas assez abordé et qu’il était important de continuer à sensibiliser le public. Notre projet s’est articulé autour de différentes actions : l’édition d’un dépliant intitulé : « Le suicide des personnes âgées : comprendre, prévenir, agir », la rédaction de plusieurs articles de sensibilisation au suicide de la personne âgée et l’organisation d’une conférence et d’un colloque. Ce dernier s’est tenu le 10 septembre à Namur, lors de la journée internationale de la prévention du suicide. A cette occasion, des intervenants belges, québécois, suisses et français ont été invités à parler de la thématique de la prévention du suicide. Nous avions été interpellés par certaines personnes qui s’interrogeaient sur l’éventuelle contradiction entre les concepts « prévention du suicide » et « suicide assisté » du fait que, dans un cas, on parle de prévention et dans l’autre, l’accent est mis sur l’assistance. Nous avons donc décidé d’inclure dans ce colloque un orateur qui puisse nous parler de l’aide active à la fin de vie (le suicide médicalement assisté et le cadre légal de l’euthanasie en Belgique) : le Docteur Dominique Lossignol, chef de Clinique des soins supportifs et palliatifs de l’Institut Bordet, Master en Ethique à l’ULB, et coordinateur du Forum EOL. Le titre de son intervention était : « Prévention du suicide versus suicide assisté : faux paradoxe ? Nous aborderons également cette question dans cette analyse, en précisant certains concepts et en intégrant l’avis donné par cet expert lors du colloque. Nous souhaitons ainsi donner des pistes de réflexions aux personnes qui s’interrogent à ce sujet.
La prévention du suicide
Selon l’OMS, « les taux de suicide les plus élevés sont enregistrés chez les personnes de 70 ans ou plus, tous sexes confondus, dans quasiment toutes les régions du monde ».
Le risque de crise suicidaire est plus élevé chez un individu âgé, notamment quand il est déprimé. En effet, la dépression majeure constitue le principal facteur de risque de passage à l’acte suicidaire chez la personne âgée.
Pourtant, certaines personnes considèrent que la dépression fait partie de la vieillesse et trouvent normal leur état de mal-être. Elles expriment moins fréquemment leur souffrance, ce qui rend parfois la dépression et le risque suicidaire plus difficiles à détecter. En plus, une dépression non traitée s’associe souvent à une augmentation de maladies physiques ainsi que du risque d’abus d’alcool et de médicaments.
Outre la dépression, de nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’un passage à l’acte suicidaire et leur accumulation, peut accroître le risque de suicide :
- Le déclin physique : le déficit sensoriel visuel ou auditif, les déficiences motrices.
- Les maladies chroniques : les affections neurodégénératives, les douleurs chroniques ;
- Les multiples deuils : la mort du conjoint, des amis ;
- La solitude et l’isolement ;
- La précarité ;
- La perte d’autonomie ;
- L’entrée en institution, etc.
Chez la personne âgée, la tentative de suicide mène souvent à la mort car elle n’a pas assez de résistance physique, l’acte est davantage planifié et les moyens utilisés sont souvent violents (arme de feu, pendaison, noyade, défenestration) et laissent plus de possibilités à une issue fatale.
On dit qu’une personne est en crise suicidaire quand elle est dans une période marquée par des idées suicidaires où en finir avec la vie lui semble le seul moyen de mettre fin à sa souffrance. Ce qui fait penser au suicide n’est pas la souffrance en soi mais la perception que la souffrance est insupportable. Une crise résulte ainsi toujours d’une interaction particulière entre un événement et l’évaluation qu’en fait la personne.
Il faut donc rester à l’écoute et dialoguer avec les aînés afin de favoriser les échanges et leur permettre de parler de leurs ressentis, d’exprimer leur mal-être sans être jugé. Leur permettre de parler ouvertement de leur désir de mourir ne les tuera pas, bien au contraire ! Il est possible d’agir sur les facteurs de risque en les aidant à maintenir leurs liens affectifs, leur participation et leur engagement dans la société et en luttant pour qu’ils ne tombent pas dans un état de précarité. Enfin, valorisons leur capacité à faire face aux différents évènements et encourageons-les à demander de l’aide (professionnelle) quand cela s’avère nécessaire.
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